Les textes qui suivent sont là pour inviter au projet des Archives Getaway. Ils étaient aussi une invitation à sa première initiative publique qui a eu lieu les 15 et 16 décembre 2012. Et au-delà ils proposent de questionner le rapport au passé, à la mémoire collective des luttes, et d’envisager une transmission qui ouvrirait sur de l’apprentissage ; au-besoin d’interroger, de créer ou recréer du mythe et de l’imaginaire collectif.
Il s’agit d’organiser la collecte et la conservation de tous types de documents, en particulier les plus éphémères (tracts, brochures) et les plus fragiles (sons, images), concernant les luttes sociales et les groupes révolutionnaires depuis les années 60. Cet archivage est destiné à permettre une mise au travail, sous des formes collectives, de groupes qui se constitueraient sur une question précise, autour d'enjeux politiques. Nous souhaitons proposer de temps en temps des séances publiques, qui permettraient, au delà d’une restitution de la progression de tels chantiers, à ceux qui le veulent de participer, même ponctuellement, à la réflexion en cours. Une séance inaugurale publique actera d’ailleurs la fondation des archives. On y parlera de ce que ce projet rend possible et on commencera à y travailler. En page centrale sont proposées quelques pistes de travail, à l’état d’ébauche.
Cette présentation entend fournir une matière pour penser les possibilités que les archives, et ce projet en particulier, ouvrent ou laissent apparaître. Ainsi le texte Sur les traces des collectifs perdus… invite à réfléchir sur le matériaux même des archives, ces traces que l’on collecte, que l’on classe et sur lesquelles on travaille. Pour expliciter ce qui sous-tend cette démarche et interroger l’évidence comme l’étrangeté des archives nous avons choisi la forme d’une discussion transcrite. Un Appel à collecte est reproduit en 3ème de couverture, il précise ce que nous recherchons et présente sommairement le projet. Il sera diffusé le plus largement possible. Dans le texte Des archives à ciel ouvert, pourquoi et comment, nous avons précisé les modalités selon lesquelles il est prévu de fonctionner, en insistant particulièrement sur la nécessité et l’intérêt, à nos yeux, d’un travail collectif. Nous proposons un premier matériau brut, pour, en le rendant public, recueillir des informations sur ses origines et le contexte dans lequel il s’inscrit. C’est un guide juridique, le Manuel de l’arrêté, un document dont nous ne savons pas grand chose, mais qui permet de commencer à penser la question de la défense militante. Pour faire face à la police, à la justice et à la prison, des années 60 à aujourd’hui, quels énoncés sont produits, autour de quelles pratiques, dans quels contextes et à quelle fin ?
Le plus souvent, dans le champs historique, le chercheur ou l’amateur travaille seul, dans un cadre universitaire par exemple, et rend public, au mieux, les documents rencontrés lors de la recherche. D’un certain point de vue, nous voulons faire l’inverse : c’est le travail d’élaboration et de réflexion que nous comptons partager publiquement.
Proposer un cadre de compréhension d’éléments du passé dans lequel la critique et la subversion peuvent se déployer. Partir d’éléments épars, de traces, pour construire une compréhension d’évènements lointains : ensevelie sous la cendre, il se peut que la braise couve encore.